11/10/2015

De da Ponte à Cervantès

Scroll down

Don Juan, après la visite de la statue du Commandeur, est précipité aux Enfers avec son fidèle Leporello. Il endosse peu à peu la quête de Don Quichotte et finit par mourir d’amour.

Don Quichotte et Don Juan sont deux grandes figures mythologiques masculines de la littérature. Ils s’opposent tous deux à l’état des choses en véritables anarchistes. Don Juan transgresse tous les interdits et Don Quichotte nie la réalité, et vit dans l’Imaginaire. Ces deux personnages poursuivent le même but : l’inaccessible amour.

Aux Enfers, Don Juan continuera à dire non, refusera de s’amender et cherchera tous les moyens de s’en sortir. Mais devant l'inéluctable, quand il sera forcé d’accepter l’enfermement, sa seule liberté sera de transformer le réel en univers héroïque, de devenir Don Quichotte pour enfin y mourir d’amour.

Et Leporello, serviteur fidèle et moralisateur, passera naturellement dans la peau de Sancho Pança, cet humble naïf aux rêves de grand seigneur.

La violence provocatrice de Don Juan et la folie de Don Quichotte plient la réalité à leur bon vouloir. La cave, décharge infernale, devient citadelle imprenable que l’anarchiste victorieux soumet et transforme en monde féerique. La pire souillon rivalise avec la déesse de l’amour et le pleutre a soudain un cœur de lion.

Dons aux Enfers est une pièce sur l’illusion spirituelle, amoureuse ou artistique ; ces illusions qui amènent l’homme à se dépasser quand il tente de les concrétiser. 

Ce texte devrait permettre à deux acteurs duettistes d’affronter ces personnages mythiques, en s’amusant sérieusement comme des enfants au jeu du “on dirait que tu serais...” et de transformer un dépotoir en oubliette démoniaque ou en paradis retrouvé, par la seule grâce de leur fantaisie et de leur engagement, car au théâtre, tout est possible, il suffit de faire confiance à l’imagination des spectateurs.
 

DONs aux Enfers -Texte :

Dons aux enfers.pdf
 

Quelques notes

 

Tout le début, tiré de l’opéra Don Giovanni de Mozart, doit être joué par des marionnettes. Ce sont elles qui glissent le long de la pente pour s’enfouir dans le fatras d’objets d’où surgissent les deux acteurs qui y sont cachés.

 

 Puis nos deux personnages sont un temps plongés dans le noir, mais il est évident qu’ils doivent être visibles des spectateurs. Ce sont les attitudes des acteurs et le changement de lumière qui doivent rendre évidente la convention.

           

Même chose pour le torrent, le lac, l’escalier du château et le précipice, pas question de les représenter scéniquement.

C’est comment, par exemple, Leporello-Sancho crapahute encordé vers un coin du plateau qui donnera l’illusion que le plancher a basculé.

 

Dans cette pièce, tout n’existe que par le dit et le jeu.

 

Pour le costume de Giovanni, se référer à la description de Pierrot dans la pièce de Molière. À son réveil, il a perdu sa perruque et, après sa « vision », il revêt la veste de Leporello qui, à ce moment, porte un poncho. Ainsi nos deux héros vont vers leur nouvelle destinée.


Trois pièces originales Par Jean O'Cottrell à 16:32

11/09/2015

Pochade politique

Scroll down

 

Une petite ville-état, qui s'étend de part et d'autre d'une rue unique. Son chef d'état refuse l'éventualité de perdre le pouvoir, à la prochaine échéance démocratique. Pour ce faire, il brise le vivre ensemble, en s'en prenant aux habitants du côté impair, qu'il livre à la vindicte du côté pair. La parole raciste se libère, discrimination et ségrégation se constitutionnalisent, les médias abêtissants se font complices et la guerre civile éclate.

Cette perversion de la démocratie a été et est à l'œuvre dans divers pays. On en voit même qui, au nom d'une nation fantasmée et d'un passé chimérique, accordent, par leurs suffrages, les pleins pouvoirs aux ennemis de leurs libertés. Face à de tels mécanismes et à la colère qui les rend possibles, en appeler à la raison ou à la morale nous semble bien vain. La raison ne convainc que les convaincus et la morale n'est qu'arrogance insupportable pour un désespéré.

Nous choisissons donc de traiter cette tragédie par la farce.

L'action se passe dans un petit café restaurant, tenu par un patron débonnaire, pour qui faire de la politique est incompatible avec le commerce. On y croise au début quelques habitués qui cohabitent gentiment : le copain du patron qui y passe ses journées de chômeur longue-durée, une dame encapuchonnée qui doit venir d'en face, un client un peu encombrant, féru de grandes chansons françaises, et une molosse, douce comme un agneau, qui ne supporte pas de rester seule.

Aucun ne peut échapper à la violence qu'exerce le pouvoir pour installer son autocratie : La dame est renvoyée "chez elle". La chienne, victime du délit de sale gueule, doit rester invisible. L'ami tourne collabo, le chanteur ne chante plus et devient chef de milice. Et un vieillard aux manières désuètes, qui, dans sa naïveté, a pris les premiers tirs pour une fête pyrotechnique, en est la première victime. Même notre brave patron finit par succomber à la violence, pour l'amour de sa chienne, et rentre en résistance.

Avertir en divertissant, telle est notre démarche et, nous l'espérons, le pouvoir de cette petite comédie.

 

 

Un petit café dans sa culotte -Texte :

Un petit café dans sa culotte - Texte.pdf

Une grande partie de la scène VII a été jouée lors des Rencontres à la Cartoucherie dans une mise en scène de Philippe Adrien.


Trois pièces originales Par Jean O'Cottrell à 16:32

11/08/2015

Érik Satie vs Satie Érik

Scroll down

 

C'est à la demande de Céline Sorin, qui dirigeait la Fox Compagnie, que j'ai entrepris d'écrire une pièce sur Satie.

Quand on évoque ce compositeur, la plupart des gens vous citent les gymnopédies, les faux cols, les parapluies, et sa "dinguerie" fantaisiste.

En fait, Satie a été le précurseur de la plupart des grands courants artistiques du XXe siècle : de l’impressionnisme au néo-classicisme, en passant par le dadaïsme, la musique atonale, le minimalisme et le théâtre de l’absurde. Il a initié ces mouvements sans avoir jamais adhéré à aucun d’entre eux.

Cet humble orgueilleux, a toujours pris soin de brouiller les pistes. Sa pudeur et son hypersensibilité l'ont amené à se créer un personnage, à s'entourer de mystère, et à se choisir, au milieu des humbles, une retraite dont il refusait l'accès à qui que ce soit. Soucieux de ne jamais se répéter, il a obstinément cherché à débarrasser sa musique de tous les stéréotypes en vogue. Toujours plus de simplicité, telle fut sa quête, inlassablement.

Son honnêteté et son intransigeance lui firent dédaigner l'amour, l'argent et tous les compromis. Et s'il est dur d'être incompris de son vivant, la postérité lui a donné, et lui donnera, raison. C'est cette justice que nous voulons lui rendre.

Et, plus qu'une évocation biographique, Satie, choses vues à droite et à gauche (sans lunettes) s'attache à restituer l'esprit du "Pauvre musicien d'Arcueil", le style si particulier de ses écrits et son humour qui, chez lui, est vraiment la politesse du désespoir.

Érik Satie avait écrit : "Le baron Méduse, c'est mon portrait, mon portrait en pied". Cette pièce se veut, en hommage au "Gymnopédiste", une peinture anarchique en trois dimensions, un hologramme cubiste de ce pré-dadaïste, dont on ne cessera jamais de pouvoir faire le tour. Et c'est tant mieux !


Satie, choses vues à droite et à gauche (sans lunettes) - Texte :

Satie, choses vues à droite et à gauche (sans lunettes).pdf

Captation du spectacle Érik Satie ou l'inconnu d'Arcueil, adapté de Satie, choses vues à droite et à gauche (sans lunettes)

https://vimeo.com/237453391

 

 


Trois pièces originales Par Jean O'Cottrell à 16:32

- page 3 de 5 -