Mot-clé - Cœur

Fil des billets

samedi 10 août 2013

Jean O'Cottrell et le théâtre post-élisabéthain (suite)

Le cœur brisé

de John Ford

 

Hamlet disait : "Économie, économie, Horatio !" Dans cette traduction-adaptation, j'ai voulu suivre ce conseil et réduire la distribution. Cela s'est fait aux dépens des courtisans Hemophil et Groneas et de l'ami du prince d'Argos, Amelus. Les demoiselles d'honneur, Christalla et Philema, ont subi le même sort. Les rares fois où leurs répliques étaient indispensables, elles ont été prises en charges par d'autres personnages. De même Phulas assume ici son personnage bien sûr, mais également le messager, un serviteur et c'est lui qui pourrait dire le prologue.

Si je l'ai traduit, il ne m'a pas semblé nécessaire de transcrire l'épilogue où l'auteur ne fait que devancer d'éventuelles critiques. Et il m'est arrivé, à de très rares passages, en fin de scène, de laisser de côté certains vers qui me semblaient moins forts que les précédents.

John Ford (1586 – 1640 environ) est surtout connu pour Dommage qu'elle soit une putain. Dans Le Cœur Brisé, c'est au mariage forcé et à l'arbitraire des puissants et des mâles qu'il s'en prend. Ford est sans doute le dramaturge le plus "féministe" de son temps…

Il nous gratifie de quatre morts en direct. Le fiancé éconduit tue le frère indigne, (qui a livré sa sœur à un vieux riche barbon) sur un siège mécanique qui le tient à sa merci. Puis il se suicide à la romaine, en se saignant à mort. Son amour contrarié, sa malheureuse fiancée, se laisse mourir de faim. Et enfin la princesse, amoureuse de l'assassiné, meurt d'amour, le cœur réellement brisé.

Mais aucun personnage n'est condamné. Il n'y a pas de méchants et de gentils. Tous se révèlent moins simples qu'ils n'en ont l'air. Même le cocu imaginaire, malade de jalousie, au point d'en être comique, finit par nous émouvoir. L'assassin et sa victime nous sont aussi sympathiques l'un que l'autre, car le frère regrette d'avoir fait le malheur de sa sœur et voudrait réparer ses torts. Mais c'est tragiquement trop tard. Et le vieux roi, à l'article de la mort, garde une vivacité d'esprit bien réjouissante. 

Tout cela, comme il est dit au prologue, sans jamais se laisser aller à des clins d'œil au public appuyés ou à des facéties faciles et gratuites. Avec un langage tenu du début jusqu'à la fin. Ajoutez-y des chansons et de la musique, un travestissement, des prédictions, un sens de l'honneur mal placé, l'autorité abusive d'un grand frère, une vaine vengeance et une description sans fard des lieux de pouvoir… et vous avez une pièce plus moderne qu'elle ne semble à première vue, puisqu'elle traite de sujets, malheureusement toujours actuels.

 

Je propose, ci-après, une version, plus courte, plus concentrée sur l'action, mais ce n'est qu'une proposition.

Le cœur brisé, textes :

Le cœur brisé .pdf

Le cœur brisé-version courte.pdf